Fleur de Madagascar

La flore Malgache

La grande île détient un des plus extraordinaires assemblages de curiosités botaniques et faunistiques du monde.Sur le plan botanique, quelques faits et quelques chiffres suffisent à montrer cette richesse :

– L’île possède plus de 12 000 espèces de plantes… … dont plus de 80% sont endémiques (plus de 95% pour le sud et le sud-ouest)

– Il y a 174 espèces de palmiers dont 169 sont endémiques (alors que toute l’Afrique réunie n’en a que 60 environ !!!!). Et les spécialistes affirment que l’on n’a pas tout découvert.

– Madagascar possède entre 1000 et 1500 espèces d’orchidées (là encore, il y en a plus que pour tout le continent africain dans son ensemble) et beaucoup reste à faire chez les espèces épiphytes des grandes forêts denses humides qui restent

– Il y a 6 espèces endémiques de baobabs sur Madagascar alors qu’il n’y en a qu’une en Afrique (que l’on retrouve aussi à Madagascar) et une en Australie.

– Chez le genre Pachypodium, certaines espèces ressemblent tellement à de la pierre qu’en période de floraison, on dirait des rochers fleuris
– Madagascar possède plusieurs familles de plantes qui lui sont propres : les cas de famille de plantes propres à un seul pays sont rarissimes dans le monde. En général, les cas d’endémisme ne concernent que les espèces et non des familles entières.

Certaines espèces endémiques sont si rares qu’on n’en connaît que quelques individus (certains palmiers). Parfois certaines espèces sont endémiques de sites de quelques hectares tout au plus, le cas extrême étant celui de la graminée Echinolaena madagascariensis, endémique d’un site de moins de 10m2


On connaît le cas de l’orchidée comète qui est pollinisée par un papillon nocturne dont la trompe fait 30 cm. On connaît beaucoup moins le cas de l’orchidée Angraecum longicalcar, classé en danger critique de disparition et dont le papillon pollinisateur (qui a d’ores et déjà disparu) a au moins une trompe de 35 à 40cm. Angraecum longicalcar ne se rencontre plus qu’en deux points dont la surface cumulée ne fait pas 5 ha et sur lesquels il y a moins de 20 individus au total.

Les espèces du genre Uncarina (plantes typiques de l’ouest et du sud ouest de l’île) étaient dispersées par les lémuriens géants et les oiseaux éléphants dont les derniers spécimen ont disparus il y a 350 ans au minimum : toutes les espèces de ce genre produisent d’extraordinaires fruits hérissés de pédoncules munis chacun de trois ou quatre hameçons acérés qui servent à accrocher le fruit dans la fourrure et le plumage de ces gros animaux.

La meilleure période pour faire de la botanique à Madagascar est la période comprise entre fin décembre et fin Mars mais surtout mi-janvier à mi-mars.

L’affinité de la flore malgache est bizarre

Des espèces comme les Arbres du voyageur sont clairement d’affinité sud-américaine et sont apparentés aux Heliconies. Par contre, les deux espèces de Népenthes malgaches sont nettement austral asiatiques et sont les espèces les plus occidentales de tout le groupe des Népenthes alors qu’il n’y jamais eu de liaison géologique en travers de l’Océan indien.

Pour certains groupes de plantes, les pollinisateurs et les disséminateurs naturels ont disparu ou sont menacés de disparition.


– La très grande majorité des plantes locales, dont les orchidées fleurissent pendant cette période. C’est chez les orchidées qu’on trouve le plus d’adaptations bizarres et inattendues : fleurs aux formes spéciales, émission d’odeurs diverses et variées pour attirer les pollinisateurs, …Les orchidées constituent un domaine de la botanique malgache que l’on ne peut pas passer sous silence.
Et pour quelqu’un qui connaît la botanique et qui se documente un tant soit peu sur la grande île, venir à Madagascar sans faire les orchidées, ce serait un peu comme un touriste japonais qui serait venu à Paris sans avoir vu la Tour Eiffel.
– Beaucoup de plantes des zones arides ne sortent QUEpendant cette période : à d’autres moments de l’année, les étapes peuvent être extrêmement longues (350 ou 400 km sans aucune curiosité susceptible d’intéresser un botaniste).
– Entre Août et début décembre et surtout en octobre novembre, qui sont les mois les plus secs, il y a des feux de brousse partout et l’air est parfois saturée de fumée sur une longue distance et pour un naturaliste, le feeling est parfois difficile.


En conclusion, tout le monde fait les Didieracées au bon moment ou à d’autre mais un bon botaniste se doit de voir ce qu’il y a d’autres sur le même trajet que le commun des touristes n’a pas vu.

Merci à Jean Jacques RANDRIAMANINDRY pour sa prose.

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