Une île de royaumes

Les XVIIe et XVIIIe siècle

A cette époque le pays compte déjà de nombreux royaumes indépendants. On trouve au sud-est, les ethnies aux origines arabo-islamiques (Antambahoaka, Antemoro, Antanosy et Antesaka). Les peuplades essentiellement pastorales, comme les Bara, les Mahafaly, Antandroy et autres Masikoro se partagent les vastes territoires du sud de l’île.

À l’ouest s’étendent les immenses royaumes Sakalava du Menabe et celui du Boina, plus récent (XVIIIe siècle). Sur la côte orientale, les Betsimisaraka assoient leur autorité, alors que sur les Hautes Terres, les royaumes Betsileo mais surtout Merina étendent leur domination. La traite des esclaves favorise alors une politique d’expansion territoriale et profite à ceux qui disposent d’armes à feu.

Ainsi, l’hégémonie Sakalava s’explique par le contrôle des principaux postes de traite de la côte ouest avec l’appui des commerçants Antaloatra. Le royaume Sakalava s’affaiblira à la fin du XIXe siècle en raison de querelles de succession et d’un handicap lié à l’immensité des territoires occupés par une population dispersée et nomade.

Le XIXe siècle

Ce siècle voit l’émergence de l’expansion Merina, d’abord grâce à l’œuvre unificatrice du souverain Andrianampoinimerina (1786-1810) qui résuma son ambition territoriale par cette phrase : « La mer sera la limite de ma rizière ».

C’est son fils Radama 1er (1810-1828) qui poursuit l’œuvre de son père en entreprenant de conquérir l’île entière, aidé dans sa politique par les Britanniques. Les traités anglo-malgaches de 1817 et 1820 le reconnaissent comme étant roi de Madagascar et apportent une coopération militaire, culturelle et religieuse. En contrepartie Radama 1er doit renoncer à la traite des esclaves. Les troupes du roi Radama 1er contrôlent assez facilement la côte orientale de l’île ainsi que l’ensemble des Hautes Terres mais échouent dans le vaste pays Sakalava.

Le règne du « progressiste » Radama 1er sera de courte durée, suivi par celui de la reine Ranavalona 1e (1828-1861) marqué alors par une politique très traditionaliste, anti-européenne et antichrétienne. Plus tard, le Premier Ministre Rainilaiavony qui épousa successivement trois reines conserva le pouvoir durant plus de trente ans (1864-1895). Il voulut quant à lui fonder la construction nationale grâce à une religion nouvelle : le protestantisme.

Cette période fut marquée par un développement de la scolarisation et de l’évangélisation, notamment en Imerina, grâce à l’implantation de nombreuses missions chrétiennes (London Missionary Society, Jésuites, Anglicans, Luthériens) et la transcription phonétique du Malgache avec l’impression de la première Bible en malgache dès 1835 et d’ouvrages religieux dès 1866.

L’influence européenne se distinguera dans les domaines techniques grâce notamment à l’influence d’un homme : Jean Laborde (architecture, cordonnerie, savonnerie, armurerie, imprimerie…). Pourtant, dès la deuxième moitié du XIXe siècle, la monarchie Merina n’a plus de politique économique. Les conséquences qui en découlent se manifestent par une stagnation économique, un abandon des conquêtes, alors qu’une bonne partie de l’île échappe à son contrôle. Le détournement des corvées vers des intérêts particuliers aux dépens des travaux d’intérêts généraux en est aussi un exemple.

Durant les années 1883-1885, une expédition est déclenchée par la France pour obtenir le droit de propriété en faveur des européens et protéger les Sakalava, alors alliés des Français. Cette entreprise débouchera sur une paix de compromis : en contrepartie de la reconnaissance de la reine Merina comme souveraine de Madagascar, la France demande au Premier Ministre de rétablir l’ordre sur l’ensemble de l’île et exige par ailleurs une indemnité de guerre.

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