La colonisation française

Alors que certains Européens se disent menacés par l’insécurité, la France décide de lancer en 1895 un corps expéditionnaire jusqu’à Tananarive. Cette campagne débouche sur le traité du 1er octobre 1895 qui confirme le “protectorat” de la France. La monarchie n’est pas encore supprimée, mais le traité lui enlève tout pouvoir au profit du Résident Général. La loi du 6 août 1896 stipule : “Est déclarée colonie française l’île de Madagascar avec les îles qui en dépendent”. La royauté est abolie le 28 février 1897. La Reine Ranavalona III est déposée puis exilée à Alger. Les débuts de la colonisation française sont marqués par un homme qui a jeté les bases d’une politique vigoureuse dont les fins sont principalement économiques.

Cet homme s’appelle Joseph Simon Gallieni (photo Wikipedia), devenu Gouverneur Général de Madagascar, il exercera tous les pouvoirs entre septembre 1896 et mai 1905. On peut résumer quelques actions marquantes de sa politique. “Pacification” de l’île entière et étendue de l’institution traditionnelle Merina du “Fokon’olona”, démontage de l’oligarchie locale et l’abolition des privilèges des “grands”. Élimination de la concurrence étrangère en matière de commerce. Réalisations importantes et durables dans les domaines de la communication (axes routiers, chemins de fer, équipements portuaires, réseau télégraphique). Fondation de l’école de médecine en 1897, et de l’Assistance Médicale Indigène œuvrant dans les provinces. Développement d’une école laïque qui axe plutôt son enseignement vers les domaines techniques afin de former des ouvriers ou des fonctionnaires. Par ailleurs, les Malgaches deviennent dès 1896 “sujets Français” mais non-citoyens, n’ayant donc aucun droit politique.

Face à l’autorité coloniale, une résistance locale se développe. Dès 1895, les “Menalamba” groupe d’insurgés nationalistes et traditionalistes, prônant le retour au passé, la conservation de la religion des ancêtres et la fidélité à la royauté mènent leurs actions contre les Français, jusqu’en 1898. Cette résistance pas toujours organisée est une manifestation du rejet du “Fanjakana” ou de l’autorité coloniale qui instaure impôts, prestations (travaux d’intérêts généraux), réquisitions aux populations. Ce rejet se manifeste, à l’occasion, par la pratique des feux de brousse, le vol de bœufs, le vagabondage, le refus d’envoyer les enfants à l’école ou de fréquenter les postes sanitaires. Les élites elles-mêmes, ayant intégré le principe du “progrès” et croyant aux possibilités de promotion à travers l’instruction, sont déçues par l’impossibilité d’accéder à une égalité de droit, sociale et politique.

La naturalisation française est une des revendications premières des Malgaches. L’intransigeance du pouvoir colonial radicalise le mouvement vers des volontés d’indépendance. L’insurrection de 1947, sévèrement réprimée, marque une étape décisive dans la lutte pour l’indépendance. En septembre 1958, les Malgaches votent en faveur de la communauté proposée par le Général De Gaulle. Le 26 juin 1960, l’indépendance du pays est proclamée.

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